Il n'y a pas que les nouvelles technologies !

Publié le par gauche valaisanne alternative

Il est sans doute sensé de s'intéresser aux nouvelles technologies, notamment à l'informatique et à ses multiples possibilités. Il est sans doute sensé de prévoir diverses aides pour le décollage de start-up et d'entreprises innovatrices. Mais il ne faut pas oublier pour autant les activités plus traditionnelles. A moins d'approuver sans esprit critique la nouvelle "division internationale du travail", aux pays développés les industries avancées à haute valeur ajoutée, aux pays moins ou peu développés les industries traditionnelles, il faut envisager les choses autrement. Et la situation de l'emploi en Valais le montre bien: en 2000, les secteurs primaire et secondaire employaient encore 35.000 personnes, les services publics 25.000, le tourisme 11.000, alors que les services informatiques représentaient seulement 500 emplois *. C'est d'abord qu'il n'y a pas de place dans le monde pour cent cinquante Silicon Valley: on ne mangera jamais des ordinateurs et l'on ne pourra jamais s'en vêtir non plus ! On dira peut-être qu'il serait souhaitable à l'avenir de faire venir presque tous les produits de consommation courante de Tchéquie ou de Chine: mais on voit d'une part l'impasse écologique du transport de ce qu'on pourrait produire sur place, et ensuite, du point de vue humain, l'erreur de pousser presque tous-tes les habitant-e-s d'une région vers un même type d'activité, ce qui empêche l'expression de nombre de talents et de goûts divers. De plus si l'on s'oriente vers une "monoculture industrielle", la région a toutes les chances d'être sinistrée le jour où l'industrie en question connaîtra la crise. Plus profondément, le secteur des nouvelles technologies ne peut obtenir carte blanche: il ne doit pas, au gré du marché, se développer n'importe comment pour produire n'importe quoi pourvu que cela se vende, mais il doit être un instrument pour l'amélioration de la société, ce qui implique qu'il soit soumis à une évaluation démocratique (pensons au cas des jeux électroniques ou de "Second Life").
Ainsi, dans nos pays, il faut continuer de s'intéresser par diverses aides aux secteurs traditionnels (chaussure, textile, ameublement, équipement ménager), non seulement pour maintenir ce qui existe encore, mais pour se remettre à les développer. Il faut noter que les aides publiques seront plus utiles si elles consistent en cautions pour des emprunts, en commandes et en subventions par exemple à la création d'emplois, que si elles consistent en réductions d'impôts comme le réclame la droite**: en effet réduire les impôts c'est limiter les possibilités d'investissement de l'Etat pour des infrastructures profitables à tous, c'est mettre en péril l'éducation, la politique sociale... et les subventions pour les entreprises. Si l'on accorde ces aides, il en va aussi de l'équilibre Nord-Sud: comme le relève l'économiste Pierre-Noël Giraud ***, plus d'industries à haute valeur ajoutée et un peu moins de textile dans le Sud, cela permet le décollage du Sud, moins de hautes technologies et plus de textile dans le Nord, cela arrange le Nord en créant des emplois et en y diversifiant les activités conformément à la diversité des personnes.
Il est clair qu'aujourd'hui la volonté politique n'existe pas dans l'univers de l'OMC pour aller dans ce sens. Mais une gauche alternative doit défendre cette option. Ne pas le faire c'est se soumettre à la fatalité du marché et donner raison aux gourous d'Avenir Suisse. Et vraiment, au début du XXIème siècle et après les erreurs (notamment écologiques) du XXème siècle, il y a mieux à faire !
 
                                                                      Jean-Marie Meilland
 
* voir Le Valais en chiffres 2006, Office de statistique du canton du Valais.
** dans le Nouvelliste du 27 juin 2007, est rapporté le résumé (selon Pierre Weiss) des remèdes de droite aux problèmes des PME: abaissement des entraves administratives et fiscale, simplification des rapports entre les PME et l'administration... Voilà la différence entre la gauche et la droite: pour la droite, plus pour les entreprises signifie moins d'Etat, pour la gauche, de manière plus positive, les entreprises ont à gagner d'une intervention de l'Etat... qui bien sûr effectuera des arbitrages au profit de toute la société.
*** Pierre-Noël Giraud, L'inégalité du monde, Economie du monde contemporain, Gallimard, 1996, Folio-Actuel.

Publié dans Economie

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