Etre suisse, ou ne pas être

Publié le par gauche valaisanne alternative


On peut appeler ça comme on veut, destin, chance, hasard. Quoi qu'il en soit, je vais l'appeler hasard. C'est ce qui me semble être le plus juste.

Je suis née ici, en terre helvetique. D'une mère d'outre Sarine. Du coup, on m'a gentiment inscrit son nom sur des papiers tout neufs, et pouf un joli tampon, avec la croix blanche par dessus. ça y est, sans rien faire, sans rien demander, j'étais suisse.

Ca m'a valu bien des avantages, le droit à l'école, l'assurance-maladie, le dentiste scolaire, des salles de gym suréquipées, un accès à la culture, à l'art, à la science, tant que j'en voulais, et j'en oublie...
Certaines activités, c'est vrai, n'étaient pas accessibles à la bourse familiale, mais rien finalement de vital, de réellement important.

Les vacances à la montagne chez les grands-parents, les 1er août sur la place du village, les lampions, les pétards, que du bonheur... La Suisse à la coupe du monde et le coeur qui vibre, Lambiel et ses pirouettes sur la glace, Alinghi dans le vent, Federer et Wimbledon qui s'affole, allez, il m'arrive même d'être un poil chauvine!

Je ne sais qu' une chose en pensant à tout cela. Tout cela, ce n'est que le hasard qui l'a voulu.
Oui, c'est vrai, je suis suisse, et franchement, j'en suis ravie. Je m'y sens bien, j'aime y vivre, j'aime ses habitants (quoique... pas tous...) j'aime ses paysages, j'aime sa liberté, j'aime ses institutions.

Je n'ai pas le moindre mérite d'être suisse!
Je n'ai rien fait pour obtenir cette croix sur un papier!

Alors de quel droit je m'arrogerais ce coin de terre? De quel droit je me sentirais supérieure aux autres, étrangers, habitants de ce pays? Pourquoi demanderais-je un autre traitement pour des personnes qui n'ont pas, elles, la croix Blanche sur leur passeport? Après moi le déluge, c'est ça que l'on défend aujourd'hui?

Et c'est au nom de cela, de ce hasard là, qu'on prétend défendre une société chrétienne???

Barbara Lanthemann
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